LE COUPLE - LES SECRETS DE L'ENTENTE SEXUELLE

Les couples qui durent sont-ils ceux qui ont trouvé une parfaite entente sexuelle ?

Pas forcément. La haine peut être un formidable ciment des couples ! Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’entente sexuelle est révélatrice d’un bon fonctionnement à deux. Bien s’entendre sexuellement sur le long terme signifie être en capacité d’avoir une complicité dans la vie. Les couples très conflictuels qui se disputent souvent et violemment ont, paradoxalement, des rapports sexuels fréquents, qui jouent un rôle de réparation. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de « réconciliation sur l’oreiller ». Par contre, le fait d’avoir une sexualité présente est révéla-teur d’une bonne entente.

Comment faire si l'un a envie et l'autre pas ?

Le déséquilibre du désir est une constante et un phénomène naturel. Les couples ont toujours l’impression que l’un en a envie tout le temps et l’autre, pas. La première chose à faire est de créer « un temps de l’érotisme ». Je préconise qu’au moins une fois tous les 15 jours, le couple puisse avoir un moment à lui, volé ou réel, pour partager de vrais moments. Il s’agit d’en créer les conditions matérielles pour être dans un lâcher-prise libéré des soucis du quotidien. Vous pouvez, par exemple, organiser une réunion façon professionnelle et de lister, puis d’évoquer tous les problèmes d’intendance afin de faire disparaître les tensions. Ainsi, quand ils discutent de l’intime, ils peuvent être véritablement dans l’affect, et pas dans autre chose d’ordre matériel. C’est l’émotionnel et l’intuitif qui dominent l’intime, pas le rationnel. Comme les médias, nous avons tendance à n’exprimer que nos émotions négatives et à ne discuter que quand il n’y a pas d’accord. Nous sommes avares de l’expression des sentiments positifs. Or, il est important de penser à formuler aussi de belles choses à son partenaire.

Faut-il avouer tous ses fantasmes dans le couple

Attention à ne pas confondre fantasme et désir. Une envie de quelque chose est un fantasme tant qu’on ne l’a pas réalisé. Dans la réalité, cela devient un désir. La femme aime beaucoup le récit dans l’érotisme, alors que l’homme est plutôt dans le réel. Certaines femmes ont peur que leur compagnon prenne leurs fantasmes au pied de la lettre en souhaitant les réaliser. Je pense qu’il faut arriver à se créer des moments où l’on peut échanger et faire évoluer nos sexualités. La meilleure méthode est de faire jouer les corps. A travers un massage, par exemple, on peut exprimer beaucoup de choses.

Une récente étude américaine montre que l'importance accordée au sexe par les deux partenaires est primordiales dans l'entente sexuelle

Il y a dans le couple, au bout d’un certain temps, une baisse, voire une extinction du désir sexuel spontané, c’est-à-dire déclenché uniquement par la présence de l’autre. Le début d’une histoire amoureuse est un état émotionnel qui favorise complètement le désir sexuel. On est souvent nostalgique de ces moments où tout est facile, alors qu’en réalité le désir est un acte. Il se construit et s’entretient. Quand on partage la vie, la famille, les vicissitudes… l’amour devient un sentiment, et il n’est plus, en tant que tel, érotique. Si vous attendez que la vie vous procure spontanément des émotions pour avoir du désir, les rapports sexuels risquent de se raréfier. Il est, en revanche, nécessaire de se motiver et d’avoir des moments de complicité et d’y travailler. On ne peut plus être dans l’attente de la spontanéité.

L'habitude et la promiscuité sont des ennemis de l'entente sexuelle. Y'en a-t-il d'autres ?

Quand le désir spontané s’étiole et que les rapports sexuels diminuent lentement à l’intérieur du couple, souvent, l’un des partenaires s’arrange afin de ne pas déranger l’autre qui n’a plus envie. Certains hommes vont se mettent à regarder des vidéos pornographiques, s’habituant à avoir des satisfactions sexuelles égoïstes et solitaires. La première cause de trouble du désir chez l’homme est la pornographie. Or, l’amour doit dicter nos choix, car il est supérieur au sexe. L’entente sexuelle signifie pourtant qu’il faut parler de sexualité. Mais souvent, on n’y arrive pas, de par nos cultures ou parce que l’on n’ose pas… il ne faut pas hésiter dans ce cas à aller voir un sexologue, car le dire aide à ouvrir un dialogue.

Faut-il s'ouvrir à de nouvelles pratiques ou sensualités ?

S’ouvrir à quelque chose a l’intérêt de déclencher la curiosité. Et être curieux, c’est jouer, c’est très excitant et cela rend le couple complice. Etre dans une découverte est exaltant, dynamique et résilient. Mais se croire obligé d’être dans cette quête complice et ludique permanente ou vouloir rajouter des pratiques sexuelles qui ne vous amusent pas n’est pas non plus l’idéal. Ce n’est pas forcément en multipliant les pratiques et découvertes que l’on sera dans une meilleure entente sexuelle. Ce n’est pas la quantité qui fait la qualité. C’est plutôt cet état d’esprit de poser les bagages, de prendre du temps libre ensemble et d’en jouir. Il faut redonner à la sexualité sa fonction de jouissance. Il est indispensable pour un couple de partager du plaisir, et c’est plus simple à obtenir en y mettant de la créativité et de l’énergie.

Mettre de l'air dans la relation, est-ce une bonne idée si l'on est en manque de désir

Nous sommes aujourd’hui dans une crise réelle de l’hétérosexualité. La plupart des modèles alternatifs de sexualité ont été développés par des personnes ayant une sexualité différente. Il y a 100 000 manières de vivre sa relation sexuelle de façon non conventionnelle puisque nous évoluons vers une véritable égalité. A partir de ce moment-là, il faut réécrire toute la sexualité, qui était influencée par des normes très machistes. Dans ces réinventions, on voit se développer le candaulisme (une pratique dans laquelle une personne ressent de l’excitation en exposant son conjoint à une ou plusieurs personnes, ou encore en le partageant avec d’autres). Le libertinage se répand, lui aussi. Beaucoup de jeunes couples y ont recours pour relancer leur désir. Je ne peux que leur conseiller, lors d’une première fois, de juste regarder, puis de débriefer ensemble.

Quelle est la bonne distance à avoir avec son partenaire ?

Les rencontres sont toujours érotiques. Il est vrai qu’être tout le temps l’un sur l’autre, des corps nus collés sans qu’il ne se passe rien, est une catastrophe, car on s’habitue à ne pas désirer. De temps à autre, il est bon de mettre un pyjama ou de s’éloigner. La sexualité se nourrit de la surprise. Or, il est extraordinairement difficile de se surprendre en vivant ensemble. La routine a un aspect très positif sur le plan psychologique, qui est de mettre en sécurité. Mais sur le plan érotique, elle peut tuer. Il est bon d’avoir, de temps à autre, des activités distinctes pour se ressourcer. Mais attention, car certains couples en viennent à ne plus partager que les galères du quotidien. Comment voulez-vous que l’érotisme se construise ? Il faut séduire et se sentir séduisant, sortir… Le désir est une mise en scène. A partir du moment où l’on enlève tous les ingrédients, le sexe devient triste. Il n’est pas une bataille d’organes génitaux, mais le fait de vivre quelque chose d’émotionnel et de sensuel avec l’autre pour développer la volupté, le plaisir. Quand le sexe devient à la fois une détente du corps et une stimulation de l’esprit, ça marche car il y a de l’esprit, de la complicité, on prend du temps pour soi et pour le couple. Il ne faut pas hésiter à consulter dès lors qu’on culpabilise, qu’on se met la pression, qu’on s’oblige ou qu’on a l’impression d’étouffer.